Samuel Tardieu @ rfc1149.net

De la formation des enseignants

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µ, dans une lettre ouverte destinée à son institution, s’insurge que pendant son année d’IUFM on l’ait encouragée à « tenter de nouvelles méthodes de travail ». Elle termine sa lettre par :

Les profs doivent choisir des exercices qui font progresser les élèves et non des exercices qui les font progresser eux. Les élèves ne sont pas l’objet des expériences de stagiaires IUFM. On doit, en tant que prof, progresser, apprendre et s’il peut arriver que nous fassions des erreurs, débutants ou non, les profs doivent être profs (et non élèves) et il est pervers, vis à vis des élèves et vis à vis des profs de faire croire qu’il peut en être autrement sans que l’un ou l’autre ne soit considéré comme un objet, déshumanisés.

Il est difficile, à première lecture, de ne pas être d’accord avec µ ; en effet, il n’est pas acceptable de sacrifier une classe sur l’autel de l’apprentissage de l’enseignant même si cela permet à toutes les classes suivantes de bénéficier de l’expérience ainsi acquise par cet enseignant. D’un point de vue purement statistique, cela aurait du sens, d’un point de vue humain, c’est cruel.

Toutefois, je ne suis pas convaincu qu’expérimenter de nouvelles techniques d’enseignement conduise nécessairement à un échec collectif, même lorsque ces techniques échouent. En effet, une innovation apportée par petites touches permet de garder un peu de temps pour compléter une méthode qui s’avérerait inefficace. Évidemment, remplacer en une seule fois une technique éprouvée par une nouvelle méthode expérimentale constituerait un pari risqué et dangereux, mais l’apport progressif de nouveauté permet d’en limiter les risques, tout en limitant également son apport bénéfique.

Je profite de la lettre de µ pour aborder la question de l’enseignement supérieur. Pourquoi les jeunes Maîtres de Conférences, titulaires d’une thèse de doctorat, ne doivent-ils suivre aucun cours de pédagogie ? En quoi sont-ils qualifiés pour enseigner à des étudiants universitaires ou à des élèves ingénieurs ? Est-ce parce qu’on considère que ces élèves, ayant atteint un certain niveau d’études, sont à même de « gérer » un mauvais enseignant, mauvais pédagogue, et peuvent extraire la quintessence du discours quelque soit le « talent » avec lequel il est délivré ?

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